C’est au cœur des annonces du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême 2024 que le label 619 avait lâché sa bombe : Mathieu Bablet (Carbone et Silicium) s’associera à Guillaume Singelin (Frontier) pour concevoir un tout nouveau titre classé “Super-Sentai”: Shin Zero. De quoi susciter quelques attentes chez les fans du label, des auteurs mais aussi du genre sentai.
Le Super-Sentai, si tu te demandes ce que c’est, ça existe depuis les années 1970 au Japon. Tu es déjà tombé sur une série où un gars en pyjama coloré avec un casque fait appel à ses amis tout aussi bien habillés pour vaincre un ennemi. Finalement l’ennemi est trop grand et ils assemblent un robot géant pour l’affronter. En fonction de ton âge tu as sûrement vu émerger dans ta tête un titre comme Bioman ou Power Rangers, c’est ça le sentai.
Alors, Shin Zero “de quoi qu’est-ce que ça parle ?”
Alors que le dernier Kaiju a été vaincu par le sentai Red Striker depuis plus de dix ans, la société s’est transformée. Une application a permis d’uberiser le métier de super-héros et n’importe qui peut s’inscrire en achetant un costume sur Vinted. Nombreuses sont les personnes qui rêvent alors de revêtir leur costume de super-héros.
Nous allons alors suivre cinq jeunes personnages qui effectuent des petites missions comme de la surveillance de magasin. Au sein de leur colocation, nous serons témoins de leurs amourettes, de leurs quêtes héroïques ou encore de leurs problèmes personnels. Warren, Nikki, Héloïse, Satoshi et Sofia devront trouver leur place dans un monde désabusé qui fabrique des peluches de kaijus meurtriers tout en relayant les héros en agent de nettoyage.
Comment remettre le sentai au goût du jour ?
Il y avait fort à parier que l’auteur de Carbone et Silicium ne se contenterait pas ici d’une relecture facile du genre, il lui fallait insuffler quelque chose de plus.
Deux vents contraires, l’un de nostalgie et l’autre de modernité se rencontrent ici. Au cœur de cette tempête les auteurs viennent distiller plusieurs thèmes chers aux nouvelles générations.
Le thème écologique a toujours été au centre du genre puisque Godzilla, le plus célèbre des kaijus était déjà une réponse aux peurs des japonais suite aux bombardements d’Hiroshima et Nagasaki.
Ajoutons à cela les critiques acerbes de l’ubérisation, de l’objectification des femmes sur les réseaux ou encore de la gestion des personnes âgées et vous vous retrouvez avec une vision difficile mais juste des nouvelles générations. Des générations pleines d’espoir malgré les difficultés.
Et dans tout ça, on en pense quoi alors de Shin Zero ?
C’est génial. Ah tu veux que je développe ? Ok !
Depuis quelques temps je suis passionné par le genre du super sentai et voir débarquer cette nouvelle série a généré énormément d’attente chez moi. Et je suis même pas déçu !
Bablet et Singelin n’y vont pas à moitié, ils embrassent à 100% l’héritage du genre sans perdre leur identité et leurs thèmes de prédilection, c’est très impressionnant.
Ca se lit facilement et on ne s’ennuie pas une seule seconde. Je suis persuadé que les dessins de Guillaume Singelin y sont pour beaucoup. Il parvient à insuffler de la vie dans ses personnages comme dans ses décors, à placer des tonnes de détails dans chaque case, à varier les tons pour passer de l’action héroïque à la discussion entre jeunes adultes.
Attention toutefois ! Il s’agit bien ici d’un tome d’introduction qui installe longuement ses nouveaux personnages et ses intrigues. Certains ici pourraient donc en attendre un peu plus.
4 éditions pour 4 fois plus de sentai
Si toi aussi tu veux mettre la main sur Shin Zero, sache que tu le retrouveras au prix de 13,50 chez tous les bons libraires. Pour cela 3 couvertures exclusives sont proposées en plus de l’édition standard. Si le chiffre 4 porte malheur au Japon, il est facile de parier qu’il donnera à Shin Zero un beau succès commercial et critique.
