Fan Man l’Homme au Ventilo, le succès attendu ?

FM

Le duo derrière RIP sort sa nouvelle bande dessinée : Fan Man. Cette fois, Gaet’s et Julien Monier s’attaquent à l’adaptation du roman culte de William Kotzwinkle. Plongée dans un New York underground et délirant, cette BD nous entraîne dans les errances d’Horse Badorties en quête d’une improbable Chorale de l’Amour … mais ont-ils vraiment réussi leur parti ? Découvrez notre avis chez BlayProd.fr.

Couverture de Fan Man

On part en ville, mec !

Horse Badorties est un personnage fou, un véritable électron libre qui évolue dans un chaos constant. Vivant dans une turne encombrée de détritus, on le dirait tout droit sorti d’un autre monde. Même s’il peut paraître dingue, il se sent investi d’une mission bien précise : il doit rassembler autour de lui un groupe de personnages capables de former la “Chorale de l’Amour”. Pour ce faire, il déambule dans les rues new-yorkaises à la recherche de voix prêtes à se joindre à son projet improbable. Équipé de son beau parasol, de son magnétophone, et bien sûr de son emblématique ventilateur, il sillonne la ville. À travers son voyage, Horse nous plonge dans un New York underground, peuplé de personnages dingues, où la frontière entre la folie et le génie devient plus floue que jamais.

Le dessin il tue, mec !

Aux commandes de Fan Man, on retrouve sans surprise le duo talentueux qui nous a déjà offert la série RIP, précédemment chroniquée dans notre émission Focus Club. À l’illustration, c’est donc Julien Monier qui reprend du service, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne déçoit pas. Son trait est toujours aussi précis et expressif, il parvient à insuffler une identité visuelle à l’univers du récit. C’est avec ce talent qu’il parvient notamment à donner à Horse Badorties une apparence marquante, aussi charmant et charismatique que lunatique et presque effrayant, qui capte immédiatement l’attention du lecteur.

Un avis mitigé quand même, mec !

Gaet’s et Monier décident d’adapter le roman du même nom, écrit en 1974 par l’écrivain William Kotzwinkle. Pour se faire, Gaet’s prend la décision d’adapter le phrasé du narrateur qui consiste à ponctuer de “mec” chacune de ses phrases quand il s’adresse au lecteur ou de “baby” quand il parle à un personnage féminin. Le travail d’adaptation est sûrement très réussi, mais il en résulte un récit qui devient parfois indigeste dans sa narration. On en viendrait quasiment à tenter d’ignorer ces “mecs” mais ce n’est pas facile. La frustration est totale parce que l’histoire nous emmène dans un voyage délirant que l’on aimerait apprécier à sa juste valeur, mais l’un des reliquats de l’adaptation empêche d’apprécier pleinement ce travail.

Ainsi, Fan Man oscille entre une proposition audacieuse et une expérience de lecture parfois laborieuse. Si l’on ne peut que saluer la fidélité de Gaet’s à l’esprit du roman original, on regrette que cette transcription quasi littérale du langage du narrateur entrave le plaisir de lecture. Reste une œuvre visuellement réussie et imprégnée d’une énergie folle, qui séduira sans doute les amateurs de récits barrés et expérimentaux, à condition d’adhérer au style singulier adopté pour l’adaptation.

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